Si vous n'avez jamais vu aucun film de Ridley Scott, par où commencer ? Voici mon conseil pour découvrir l'univers du réalisateur de "Blade Runner" et "Gladiator".

Si vous avez vu Napoléon mais que c’était votre premier film de Ridley Scott et que vous souhaitez aller plus loin dans sa riche carrière, voici le long métrage que vous devez absolument voir selon moi, et c’est Alien, le huitième passager, sorti en 1979.

Alien, le huitième passager

Sortie :

12 septembre 1979

|
1h 56min

De
Ridley Scott

Avec
Sigourney Weaver,
Tom Skerritt,
Veronica Cartwright

Presse
4,4

Spectateurs
4,4

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Pourquoi pas un autre film historique comme la version longue de Kingdom of Heaven ou Gladiator ? Parce qu’avec Alien, vous aurez un aperçu de ce qui constitue un autre pan conséquent de sa filmographie : son amour de la science-fiction. On y suit l’équipage du Nostromo qui suite à la visite d’une étrange planète, se retrouve à gérer la présence d’une redoutable créature à bord.

Lorsque j’ai vu Alien pour la première fois, je devais avoir 14 ou 15 ans, et j’avais surtout été frappé par le contraste entre le fait que la créature est très peu montrée et la peur que j’avais ressentie, sans vraiment comprendre alors que l’un n’allait pas sans l’autre. C’est lorsque je l’ai compris, que j’ai réalisé que le film était brillant.

Il est parfait pour mettre un pied dans l’univers de Ridley Scott car il est parfait dans son genre, subtilement construit et même… inspirant. Trois leçons que le cinéaste nous donnait très tôt dans sa carrière et qui allaient rayonner dans toute sa filmographie.

Leçon n°3 – Parfait dans son (ses) genre

Alien est parfait dans ses genres car il livre à l’amateur de science-fiction ce qu’il est venu chercher, tout en distillant la tension qu’est venu chercher le spectateur amateur de sensations fortes. Cette tension constitue le premier niveau de lecture du film, celui qui souligne à quel point l’équipage est en panique d’abriter une aussi redoutable créature, qui sait parfaitement se cacher dans les tréfonds du vaisseau.

Chaque fois qu’il s’attaquera à un genre nouveau, Ridley Scott signera des films vraiment solides voire des classiques du genre. Ce sera Les Duellistes ou Le Dernier duel pour le film historique, Gladiator pour le péplum, Thelma & Louise dans le thriller dramatique, 1492 : Christophe Colomb pour le film d’aventure, La Chute du Faucon noir pour le film de guerre ou Mensonges d’Etat pour le thriller politique.

Leçon n°2 – Subtilement construit

Pour avoir la validation finale du studio sur le projet, Ridley Scott a storyboardé une bonne partie des séquences, et ce sont ces visuels qui ont convaincu la Fox qu’il était la bonne personne pour le projet. Scott est un préparateur consciencieux, storyboardant ses films des plus anciens (Les Duellistes) aux plus récents (Seul sur Mars, Alien: Covenant). Cela lui donne à chaque fois une vision claire de ce qu’il souhaite, tant en termes de mise en scène qu’en termes de décor. Voici à titre d’exemples ceux d’Alien :

En plus de cette préparation, Scott tient à mettre la psychologie de ses personnages au centre du récit et pour cela, tourne souvent une version du film que le studio retoque car trop longue (Napoléon, Blade Runner, Kingdom of Heaven), mais il prend le temps d’installer ses héros et de montrer toute leur complexité voire leurs paradoxes (Le Dernier duel, Les Associés).

En repensant à la construction d’Alien, ce qui m’a marqué, c’est la façon dont le film s’ouvre. Passé la présentation du vaisseau spatial vu de l’extérieur pour nous montrer son isolement, la caméra entre à l’intérieur et nous montre les lieux principaux où se déroulera une bonne partie de l’action. Le calme (avant la tempête) règne. Ce n’est qu’alors que les personnages se réveillent doucement de leur hyper-sommeil et que nous les découvrons, et je me souviens avoir été assez pris de cours par la scène du réveil.

En quelques échanges à peine entre ces individus, je me souviens avoir pu les classer en archétypes : les cupides, le cérébral, le commandant, etc. De quoi nous présenter sept personnes en un temps record et nous donner l’impression de les connaître. Une démonstration d’écriture et de mise en scène qui m’avait scotché, dont vous pouvez retrouver des variantes en ouverture d’autres films de Scott comme Legend (décor planté suivi de la présentation du méchant), de Blade Runner (même chose) ou de Seul sur Mars (décor puis présentation de l’équipe).

Leçon n°1 – Un film inspirant

Alien est aussi la première fois que Ridley Scott met en valeur une héroïne, ici jouée par Sigourney Weaver. Ellen Ripley a servi de modèle à bien des petits garçons et des petites filles tant par son courage, sa constitution ou son intelligence. En cherchant à ce que la compagnie Weyland-Yutani ne mette jamais la main sur un spécimen Alien, elle représente un dernier rempart face à la récupération d’une menace par une entreprise uniquement intéressée par l’argent et les armes. Une héroïne moderne dont les idéaux ont résonné et résonnent encore auprès de plusieurs générations.

Si vous rattrapez plusieurs films de Scott, vous trouverez beaucoup d’héroïnes très bien écrites telles celles de Thelma et Louise, Jordan O’Neill d’À armes égales ou Marguerite de Carrouges dans Le Dernier duel. Avec Alien, Ripley devient rapidement une icone de la pop culture, comme le deviendront Maximus, Frank Lucas ou Deckard, autres personnages iconisés par la caméra de Scott.

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J’admire enfin Alien pour sa capacité à nourrir l’imagination : penser à ce que l’on ne voit pas, redouter ce qui pourrait sortir à tout moment, sursauter d’un bruit de vaisseau en projetant que cela pourrait être pire.

Cette leçon-là est aussi celle que Scott adresse indirectement à tous les cinéastes en herbe : vous n’avez pas d’argent pour votre film ? Prenez un concept simple et reposez-vous sur le ressenti du spectateur plutôt que la démonstration. Limiter l’échelle de ce que l’on raconte pour mieux le contrôler. Et pour faire peur, suggérer plutôt que montrer.