Privée brutalement de son poste. Le président tunisien Kais Saied a limogé, mardi 2 août, la Première ministre Najla Bouden, selon un communiqué et une vidéo de la présidence tunisienne diffusés peu avant minuit. Elle avait été la première femme de l’histoire du pays placée à la tête d’un gouvernement. Aucune explication officielle n’a été donnée quant à son éviction, mais plusieurs médias locaux ont souligné le mécontentement du président face à un certain nombre de pénuries dans le pays.
Najla Bouden est remplacée par un ancien haut cadre de la Banque centrale, Ahmed Hachani, auquel il a été demandé de “surmonter des défis colossaux”. Le nouveau chef de gouvernement a également étudié à la faculté de droit de l’université de Tunis où Kaïs Saïed a enseigné le droit constitutionnel, a révélé l’intéressé sur Facebook. Complètement inconnu du grand public, il a immédiatement prêté serment devant le président.
Pénurie de pain et crainte d’émeutes
Ces derniers jours, plusieurs réunions ont eu lieu au sein du gouvernement autour de problèmes de pénuries de pain subventionné dans plusieurs régions. Selon des médias, Kaïs Saied qui a récemment dit que “le pain est une ligne rouge pour les Tunisiens”, redoute une réédition des émeutes du pain qui firent 150 morts en 1984 sous Habib Bourguiba.
En Tunisie, depuis les années 70 face à une économie de bas salaires, l’Etat centralise l’achat d’un grand nombre de produits de base (farine, sucre, semoule, café, huile de cuisson) avant de les réinjecter sur le marché à des prix abordables. Le pays affronte depuis des mois des pénuries sporadiques de ces produits, liées, selon les économistes, à l’exigence des fournisseurs d’être payés à l’avance, ce que la Tunisie a beaucoup de mal à faire.
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